Abidjan, 3 fév (AIP)- Accusé de crime contre l’humanité et comparaissant depuis jeudi devant la cours pénale internationale, Charles Blé Goudé, a clamé, au 4ème jour du procès, son innocence, et a appelé les juges à faire preuve de « vigilance » afin d’éviter de fonder leur décision sur des arguments « biaisés » de l’accusation.
Le conseil de M. Blé Goudé, après celui de son coaccusé Laurent Gbagbo, la veille, présentait mardi les grandes lignes de sa défense. Celui-ci prenant, en personne, la parole après le passage des ses avocats a clamé son innocence, se présentant davantage comme un homme de paix contre qui conspireraient, à travers le procès ouvert à la CPI, des adversaires politiques animés par l’intention de le retenir « le plus longtemps possible » hors de la Côte d’Ivoire.
« Dans mes relations avec mes concitoyens aucune goûte de sang ne crie contre moi. C’est pourquoi je me tiens devant vous avec assurance, avec confiance », a clamé Blé Goudé accusé de meurtre tout comme de viol, et de persécution, commis à Abidjan à la suite des élections présidentielles qui se sont tenues en Côte d’Ivoire en 2010.
« Au nom de ma culture politique je n’ai jamais commis de crime. Jamais », a-t-il insisté, avant de taxer le bureau du procureur de relais “des thèses de propagande” de ses adversaires politiques.
« L’accusation transporte au sein de la cours les thèses de propagande de médias proches et favorables à nos adversaires politiques et de tous leurs relais qui, à travers divers articles de presse et autres rapports, nous avaient jugés et condamnés, mon coaccusé (Laurent Gbagbo) et moi avant même que votre cours ne statue sur les faits allégués», a-t-il traduit.
Estimant que cette posture supposée du procureur « n’honore pas le droit » et suscite des “suspicions légitimes”, l’ex-leader de la galaxie patriotique a appelé les juges de la chambre 1 de la CPI à la « vigilance », en veillant notamment à prendre avec des pincettes « les suppositions, le rappel historique biaisé à dessein et les commentaires théâtralisés » de l’accusation, « trop légers », selon lui, pour éclairer la cours.
Evoquant les témoins à charge, Blé Goudé a estimé pour ce qui concerne « les experts » qu’il s’agirait de « personnes auto-proclamées ne sachant pas grand-chose des circonstances dans lesquelles les faits allégués se sont déroulés » quand les autres seront des « adversaires politiques cachés derrière un masque».
« Dans un conflit qui a opposé deux camps, que peut-on espérer que des militants d’un camp, transformés, pour la circonstance,& en témoins, disent de leurs adversaires dont ils veulent l’éloignement le plus longtemps possible du pays pour ne plus avoir affaire à eux dans le jeu politique », s’est-il interrogé, avant de finir par indiquer aux juges qu’il souhaiterait sa relaxe pure et simple.
« Je veux que vous me permettiez de rentrer chez moi pour continuer mes champs de réconciliation que j’ai laissés en friche pour venir ici », a-t-il conclu.
Concernant Laurent Gbagbo, Blé Goudé a estimé qu’ « il n’a pas sa place en prison » mais est plutôt « une chance pour la réconciliation », en Côte d’Ivoire, signale-t-on.
Charles Blé Goudé est poursuivi en même temps que l’ancien président Ivoirien, Laurent Gbagbo pour quatre charges de crimes contre l’humanité: «meurtre, viol, autres actes inhumains ou, à titre subsidiaire, tentative de meurtre, et persécution». Des crimes perpétrés durant la crise postélectorale ivoirienne de 2010-2011.
(AIP)
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