Reportage réalisé par Adrienne Ehouman
Abidjan, 20 sept 2023 (AIP)- « On souffre à Noumousseria 1. Ayez pitié de nous. Aidez-nous à avoir de l’eau potable dans nos maisons. Vous voyez comme c’est difficile, pénible, épuisant pour avoir de l’eau par ici, aidez-nous… “, scandaient de nombreuses femmes rencontrées au marigot du village.
Situé au centre-ouest de la Côte d’Ivoire, dans le département de Daloa, à 38 kilomètres de la ville, Noumousseria 1 est l’un des plus grands villages de la sous-préfecture de Gboguhé. Il connaît depuis des décennies un problème d’approvisionnement, voire d’inexistence en eau potable.
Tout étranger de passage dans cette localité est frappé par la texture blanchâtre de l’eau qui lui est proposée à boire. Il est 16H, moment de l’affluence quotidienne à la source. Le marigot du village, unique source d’approvisionnement en eau potable pour les résidents, se trouve à plus d’un kilomètre du village. Les femmes et les enfants s’y rassemblent pour puiser cette précieuse ressource. À proximité de la source, des femmes font la lessive.
« Il n’y a pas d’eau dans mon village, c’est pourquoi je viens ici pour puiser l’eau, pour laver mes habits. Prendre l’eau et aller au village, non. Je trouve que c’est fatiguant. Je préfère venir ici et faire ma lessive. Cette eau, on la boit, on fait tout avec, on va faire comment. C’est parce qu’on n’a pas l’eau au village qu’on boit cette eau qui donne beaucoup de maladies aux enfants surtout. Mais, on va faire comment », relate avec indignation Yahibo Ruth.
Le marigot, d’une dimension d’environ deux mètres de longueur et deux mètres de largeur, s’étend manifestement dans un ravin, à ciel ouvert, niché entre Noumousseria 1 et 3. Ce point d’eau est distant de plus d’un kilomètre du village qui trône majestueusement sur une colline. Pour bloquer l’infiltration de l’eau de ruissellement lors des pluies, les contours du marigot ont été adroitement renforcés par deux rangées de briques.
À la droite de la source, se situe Noumousseria 3, un village voisin qui jouit du privilège d’un forage motorisé, généreusement octroyé par le sous-préfet de Yamoussoukro, Kessa Godo Benjamin, originaire de la localité. Ce forage dessert l’ensemble du village. Pour se rendre à Noumousseria 3, les habitants de Noumousseria 1 doivent descendre la pente de leur village, traverser le marigot, puis gravir la colline abrupte qui mène à Noumousseria 3, en parcourant plus d’un kilomètre.
Petit village situé à environ 2,5 kilomètres à gauche de Noumousseria 1, Noumousseria 2 dispose également d’une pompe à motricité humaine. C’est un parcours du combattant pour les populations de Noumousseria 1, de se rendre à pied dans ces deux localités voisines pour bénéficier de l’eau du forage de Noumousseria 3 ou de la pompe à motricité humaine de Noumousseria 2.
A quelques kilomètres de ces bourgades, tout le village de Noumousseria 1 se rend au marigot pour s’approvisionner en eau afin de répondre à leurs besoins quotidiens. De la lessive à la vaisselle, en passant par la cuisson des repas, cette eau est une source de vie pour la population.
Avec un bidon de 20 litres servant de fût d’eau, Zongo Rabia exprime sa lassitude à faire tous les jours ce parcours de combattant pour répondre au besoin de sa famille. « Aidez-nous, on veut de l’eau à la maison. Ce n’est pas facile. Aidez-nous », lance-t-elle.
En effet, « quand il pleut, toute l’eau de ruissellement se déverse dans le marigot avec des déchets. La situation de l’eau au village est pénible. Les femmes souffrent à cause de l’eau. Toutes les démarches auprès des autorités compétentes pour avoir l’eau potable ont été sans suite, jusqu’à présent », fait savoir le directeur de l’Ecole 1 du groupe scolaire Noumousseria 1, Dosso Dougoutigui Kader.
« Quand l’eau change fortement de couleur, des femmes vont dans des villages voisins ou des campements dotés de puits, pour faire des réserves en eau. », dit-il.
Âgé de 12 ans, Y. Prince Elisée est élève en classe de CE2 au sein de l’EPP Noumousseria 1. Il partage son quotidien avec ses grands-parents ainsi qu’avec sa mère, actuellement en proie à la maladie. Chaque matin, ce vaillant adolescent parcourt environ un kilomètre afin de se procurer de l’eau du marigot pour répondre aux besoins de sa famille. Sur son vélo, équipé de bidons soigneusement arrimés, il gravit la colline pour recueillir cette précieuse ressource qui répond aux besoins de l’ensemble du foyer.
“C’est moi qui puise de l’eau parce que ma mère est malade. Ma grande sœur va au champ pour ramasser du bois et moi, je puise de l’eau”, a-t-il affirmé. Cet enfant qui n’a jamais bu de l’eau du robinet espère un jour connaître son goût étant dans son village.
Noumousseria 1 est confronté à un sérieux problème en ce qui concerne son approvisionnement d’eau potable. En effet, le village ne dispose plus d’une pompe fonctionnelle, depuis que la pompe hydraulique villageoise construite jadis, est tombée en panne. Malgré plusieurs demandes d’aide, la situation demeure.
“Incontestablement, nous avons un véritable problème à Noumousseria 1. Dans la sous-préfecture de Gboguhé, c’est le seul village où il n’y a pas de pompe. Dans les années précédentes, au temps du premier président de la République, Félix Houphouët-Boigny, il y avait une pompe hydraulique dans le village mais depuis qu’elle est cassée, plus rien”, déplore le président des jeunes de Noumousseria 1, Yahibo Edouard, connu sous le nom de Sako.
“Vous voyez, nous venons prendre de l’eau au bas-fond dans le marigot et quand il pleut, les eaux de ruissellement s’y déversent mais on ne peut rien faire. On a beau demander de l’aide partout, déposer des demandes partout mais toujours rien”, se désole-t-il.
La croix et la bannière pour les fonctionnaires affectés dans ce village
De nombreux fonctionnaires qui, une fois dans le village, découvrent les difficultés d’approvisionnement en eau, s’adaptent ou quittent le village.
“Et pour cette eau même on a des problèmes au niveau de l’école. Quand les instituteurs ou les institutrices viennent, ils préfèrent aller là où se trouve l’eau potable. Ceux qui aiment vraiment le village, qui aiment l’école de Noumousseria 1 y restent, mais prennent des motos, des tricycles pour s’approvisionner en eau potable dans les villages voisins. Pour finir, au lieu de dépenser à chaque fois de l’argent pour acheter de l’eau potable, des enseignants préfèrent partir. En tout cas, nous avons un véritable problème”, s’insurge M. Yahibo.
Le groupe scolaire Noumousseria 1 comprend deux établissements, EPP Noumousseria 1 et EPP Noumousseria 2, animées par sept enseignants.
“Actuellement, nous n’avons que sept enseignants au groupe scolaire, à cause du problème d’eau potable”, a déclaré M. Yahibo, également trésorier du comité de gestion des établissements scolaires (COGES) de la localité.
Le président de la mutuelle des enseignants de la sous-préfecture de Gboguhé, Dianka Ruffin, qui travaille actuellement à l’EPP Batéguédea 2, à 10 kilomètres de Noumousseria 1, affirme avoir quitté ce village en raison du problème d’eau potable.
“Nous utilisons quotidiennement l’eau du marigot pour tous les besoins de la famille. Cette eau nous causait régulièrement des démangeaisons et l’apparition sporadique de boutons sur la peau des membres de ma famille. Nous étions régulièrement malades”, explique M. Dianka, directeur de l’EPP Batéguédea 2.
Il a été préconisé à sa famille de porter à ébullition de l’eau de marigot puis de la laisser refroidir avant de l’utiliser pour le bain, ou d’ajouter immédiatement de l’eau de javel à l’eau instantanément puisée au marigot en cas d’utilisation immédiate. Afin de consommer cette eau de marigot, il a été recommandé à la famille de M. Dianka de la filtrer à travers un tissu blanc.
Le filtrage permet de séparer l’eau de ses déchets, à savoir “des fragments de bois, des feuilles d’arbres, du kaolin, des grains de sable et des verres de terre en période de pluie”, précise l’enseignant. Toutefois, le fait de faire bouillir chaque jour l’eau du marigot sur un feu de bois en vue de son utilisation pour le bain de l’ensemble de la famille, de filtrer ladite eau du marigot pour la préparation des repas, ou encore d’ajouter de l’eau de javel en vue de sa consommation, constituait incontestablement une tâche ardue pour la famille Dianka.
“Nous avons décidé de quitter le village de Noumousseria 1 en 2018 pour louer une maison à Yokorea, le plus grand village de la région, doté d’un château d’eau qui dessert les habitations. Depuis Yokorea, je parcourais deux kilomètres tous les jours pour me rendre à l’EPP Noumousseria 2. C’était le prix à payer pour la santé de la famille”, déclare ce père de famille.
Un an après son déménagement, la demande de mutation de M. Dianka a abouti et il vit désormais à Yokorea et travaille à Batéguédéa 2.
A quand la fin de la corvée d’eau pour les habitants de Noumousseria 1
Selon une source bien informée à la direction régionale de l’Hydraulique de Daloa, l’État de Côte d’Ivoire n’a pas actuellement de projet d’approvisionnement en eau potable pour la localité. Cependant, l’ONG Rescue, à l’origine d’un projet appelé Charity Water, prévoit l’adduction en eau potable d’une dizaine de villages, dont la construction d’un château d’eau dans le village de Noumousseria 1.
Au début de l’année 2023, suite aux plaintes incessantes de la population et à l’initiative du sous-préfet de Gboguhé, Jean Paul Akou, cette ONG a effectué une mission de prospection dans le village afin d’identifier le problème d’adduction et envisager les dispositions adéquates pour le résoudre. Selon le constat de Rescue, Noumousseria 1 mérite d’avoir un château d’eau en raison de sa densité (3 200 habitants) et sa superficie (1,200 km²).
Cependant, la plupart des habitations du village ne disposent pas de latrine. Les populations défèquent en plein air. Or, la condition sine qua non pour que l’ONG installe un château d’eau dans le village est la construction de latrines.
“L’ONG ne demande pas d’argent pour la construction du château d’eau. La seule condition qu’elle exige pour que Noumousseria bénéficie de cet ouvrage, c’est la construction de latrines, ce qui pourrait être évalué au maximum à 10 000 FCFA, l’unité. Cette expérience a été vécue ailleurs avec l’ONG, qui a vu la mobilisation des villageois dans la solidarité, ce qui leur a permis d’avoir de l’eau potable. L’assainissement du village est important pour la santé des populations”, souligne le sous-préfet.
Selon M. Akou, la méthode d’action de l’ONG est tout d’abord de déclencher l’assainissement total du village par la communauté, puis de lui offrir un point d’eau. L’objectif en demandant aux populations de construire les latrines, est de mobiliser dans la solidarité toute la communauté villageoise de Noumousseria 1, afin qu’elle réalise des activités pour leur développement.
“Nous pensons que l’initiative de l’ONG vient en soutien aux actions du gouvernement et nous saluons cette œuvre. Une dizaine de localités, villages et campements devraient bénéficier de ce projet à condition d’être assainies. Le cas de Noumousseria 1, c’est la construction des latrines, une recommandation de l’ONG pour bénéficier d’un château d’eau”, ajoute M. Akou.
De ce fait, estime-t-il, l’approvisionnement en eau potable du village sera un facteur important pour permettre au centre de santé de la localité d’être opérationnel. “C’est dans cette optique que j’ai demandé à l’ONG d’inclure le village dans son projet d’approvisionnement en eau potable des localités, en déclenchant le système d’assainissement totale piloté par la communauté (ATPC), qui consiste à assainir l’environnement. “
Un approvisionnement en eau potable ne peut se faire que dans un environnement sain. Ce système intègre les ministères de l’Environnement, de l’Hydraulique, de l’Assainissement, le Conseil régional du Haut-Sassandra et toutes les entités au niveau local afin d’avoir un point de vue commun pour pouvoir apporter des solutions dans ces cas de figure.
“Cette ONG, qui associe l’approvisionnement en eau potable à un problème d’assainissement de l’environnement à Noumousseria 1, a en effet exigé que la population construit des latrines couvertes dans chaque cour avant fin octobre 2023, date d’éligibilité pour le projet”, rapporte le président de l’organisation Mains Propres, Samaké Dominique.
Le 17 juillet 2023, une mission de prospection a été effectuée dans le village par les différentes parties prenantes au projet, y compris la chefferie, l’ONG et les agents des ministères techniques, afin d’évaluer le niveau de réalisation des latrines couvertes.
Selon M. Samaké, chargé de la construction des toilettes, la population de Noumousseria 1 est composée de 3 200 habitants répartis en 239 ménages. En fonction de l’organisation des ménages, le village a besoin de construire 199 latrines couvertes. Au 20 août, le village comptait 76 toilettes en cours de réalisation dont la plupart étaient au stade du creusement des puits.
“Il nous faut des moyens pour la construction des latrines, pour creuser les fosses, recueillir du ciment et des briques, les monter et couvrir les toilettes avec de la paille ou de la toiture. Nous avons besoin d’aide pour ces travaux. La population n’a pas les moyens de réaliser ces toilettes couvertes évaluées à 55 000 FCFA chacune”, fait remarquer le pasteur Samaké. “Si Dieu nous donne les moyens, nous y arriverons mais si c’est par nos propres moyens, c’est difficile. Nous sommes en train de lutter. Nous avons besoin d’aide. La population n’a pas les moyens de construire les latrines couvertes”, poursuit-il.
Le 1er novembre 2023, le village saura s’il bénéficiera ou non d’un château d’eau de l’ONG Rescue. Si les latrines couvertes ne sont pas construites dans chaque cour, le projet sera annulé. Pour l’heure, les contours de la source d’eau de Noumousseria 1 ont été endommagés du fait des fortes pluies. Les populations ont réaménagé le point d’eau.
Dans le département de Daloa, les populations villageoises tirent leurs revenus de la récolte du café-cacao, de septembre à décembre. Cependant, la récolte est faible en raison du vieillissement des champs, ce qui affecte leur niveau de vie. Ils ont du mal à répondre à leurs besoins primaires quotidiens, comme une alimentation adéquate et les soins aux enfants.
Plaidoyer des populations pour la construction de forages motorisés à Noumousseria 1
M. Ruffin Dianka plaide en faveur de la construction d’un forage motorisé qui desservira toute la population, sous le contrôle d’un comité de gestion chargé de coordonner le paiement de la facture de l’électricité du forage.
Dans la cour de l’EPP Batéguédéa 2, un forage motorisé raccordé à une dizaine de robinets a été construit par la coopérative ECOJAD, sans condition de latrine, pour encourager la scolarisation des enfants du village et pour le bien-être des enseignants. “Si des forages motorisés sont construits dans le village, cela aidera les populations en attendant la construction d’un château d’eau”, souhaite le président de la mutuelle des enseignants de la sous-préfecture de Gboguhé.
La présidente des femmes de Noumousseria 1, Liadé Zokou Cécile, s’inscrit dans la même veine. “On a besoin d’eau dans ce village. Quand il pleut, l’eau du marigot devient rouge et cause des maladies. On souffre ici. Nous, les femmes du village, avons décidé de nous cotiser à hauteur de 1 000 francs CFA chacune pour donner à quelqu’un pour nous aider à avoir de l’eau potable mais seules quelques-unes ont cotisé. Vraiment aidez-nous, on souffre”, déclare-t-elle.
“Partout à Noumousseria 1, il y a des maladies, alors qu’il n’y a pas d’hôpital et un manque d’enseignants à cause du problème d’eau. Il faut aller au centre de santé communautaire du village voisin, Yokorea, pour se faire soigner. Nous vivons un calvaire. Nous faisons donc une doléance à toute personne, à l’Etat de Côte d’Ivoire, aux hommes politiques pour se souvenir de nous et résoudre ce problème d’eau potable dans notre localité”, renchérit le président des jeunes. Yahibo Edouard indique n’avoir pas reçu de réponse concrète à la sollicitation de la mutuelle du village.
Noumousseria 1 est un village cosmopolite qui dispose d’un groupe scolaire et d’une maternité, construite en 2015 par la volonté du ministre de la Santé d’alors, Albert Mabri Toikeusse. Cependant, la maternité n’est pas encore fonctionnelle en raison du manque de sage-femme et de matériel adéquat.
Pour le sous-préfet de Gboguhé, Jean Paul Akou, à l’initiative du projet d’un château d’eau à Noumousseria sous la base de toilettes couvertes construites, le problème d’eau dans la localité est une des raisons de la non fonctionnalité de la maternité. C’est dans l’optique de résoudre ces problèmes de santé publique qu’il a proposé la localité afin de bénéficier du projet charity water de l’ONG Rescue.
L’agent de santé communautaire, Bazolé Loboué Timothée, qui fait la navette entre plusieurs villages dont Noumousseria 1, recommande à la population de faire bouillir l’eau et de la filtrer avant consommation. Il témoigne qu’il y a vraiment un manque d’eau dans ce village. “Cette eau que nous buvons provoque la diarrhée chez plusieurs enfants. Certains enfants ont la gale, quand les parents viennent à l’hôpital, ils dépensent assez d’argent. On ne sait pas comment faire, si vous pouvez nous aider, s’il vous plaît, faites-le“, implore-t-il.
“Où nous sommes, nous sommes dans la crise de l’eau, parce que partout où on passe, c’est de l’eau potable. Mais ici à Noumousseria 1, nous buvons l’eau des lacs. Nous avons besoin d’un château d’eau. Nous faisons des demandes à l’hydraulique, au conseil régional depuis des années, mais pas d’aboutissement “, déclare le chef du village, Tapé Lobo Victor.
Il exprime son ras-le-bol. “Depuis la mort d’Houphouët (1993), nous n’avons plus d’eau potable dans ce village. Comme nous sommes en période d’élection et qu’il faut voter, nous accomplirons notre devoir. Sinon, nous avons l’impression de ne pas être des Ivoiriens. Nous sommes dans un pays qui prend à peine soin de nous. Le gouvernement ne pense pas à nous. Je le dis sincèrement. Qu’on se dise la vérité. Nous sommes abandonnés par les différents gouvernements qui passent. Nous ne les voyons pas agir. Nous buvons l’eau des lacs. Nous demandons à Dieu pour que nous recevions de l’eau“, fulmine-t-il.
Encadré
L’ONG Rescue, qui dirige le projet Charity Water, a demandé au village de Noumousseria 1 de construire des latrines couvertes dans chaque cour comme condition pour bénéficier d’un château d’eau. Le sous-préfet de Gboguhé, Jean Paul Akou, a confirmé que les habitants du village défèquent en plein air. Cette pratique contamine les sources d’eau potable et propage des maladies comme le choléra, la diarrhée ou la dysenterie.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime qu’un assainissement inadéquat cause 432 000 décès par an dus à la diarrhée. Les pays où la défécation à l’air libre est courante sont également ceux qui enregistrent le plus grand nombre de décès d’enfants de moins de cinq ans, des niveaux élevés de malnutrition et de pauvreté. Plus d’un milliard de personnes défèquent à l’air libre en raison du manque de toilettes adéquates.
Dans le monde, environ 2,4 millions de personnes n’ont pas de toilettes et 946 millions pratiquent la défécation à l’air libre. Chaque année, environ 300 000 enfants de moins de cinq ans meurent de maladies diarrhéiques liées à un manque d’assainissement. L’Organisation des Nations Unies (ONU) estime que des toilettes adéquates pourraient sauver plus de 200 000 enfants. L’absence d’assainissement contribue à la propagation des parasites intestinaux, cause de malnutrition. Les ankylostomes, transmis par les sols contaminés, sont une cause majeure d’anémie chez les femmes enceintes, entraînant une malnutrition et un faible poids chez les bébés.
“Nous devons apporter des solutions pratiques et novatrices au problème de l’endroit où les gens vont aux toilettes, sinon nous manquons à nos engagements envers des millions d’enfants qui comptent parmi les plus pauvres et les plus vulnérables de la planète”, estime le directeur des programmes mondiaux de l’UNICEF pour l’eau, l’assainissement et l’hygiène, Sanjay Wijesekera.
(AIP)
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