Abidjan, 24 juil 2024 (AIP)- La directrice régionale Afrique de l’Ouest et du Centre du Programme commun des Nations sur le VIH/sida (ONUSIDA), Berthilde Gahongayire, s’est réjouie des efforts accomplis dans la lutte contre cette pandémie au niveau de la région, comme le démontrent les chiffres indiqués dans le dernier rapport de l’agence lancé mardi 23 juillet 2024 à Dakar (Sénégal), en présence des autorités politiques, de plusieurs partenaires au développement et de diplomates.
Selon Mme Gahongayire, le rapport 2024 intitulé « L’urgence aujourd’hui, le SIDA à la croisée des chemins », démontre qu’il y a une dizaine d’années, la couverture en matière de traitement était seulement de 45 %, tandis qu’aujourd’hui elle est 72%.
« Il y a eu beaucoup d’avancées qui ont été réalisées dans la riposte au VIH/sida. Cependant, nous avons encore beaucoup d’efforts à fournir si nous prétendons mettre fin au VIH/sida en 2030, en tant que problème santé publique. Et c’est justement pour cela que rapport mondial est intitulé+ l’Urgence aujourd’hui, le SIDA à la croisée des chemins+ », a-t-elle souligné, tout en interpellant tous les acteurs à s’impliquer davantage.
*Des chiffres encore alarmants chez les adolescents et jeunes femmes
Le document relève que le nombre des nouvelles infections en Afrique de l’Ouest et du Centre a diminué de 46% entre 2010 et 2023, mais le taux reste élevé chez les populations clés, les adolescents et les jeunes femmes. En 2023, les adolescentes et les jeunes femmes âgées de 15 à 25 ans représentaient 19 % de toutes les nouvelles infections à VIH dans la région. En 2022, dans cette même catégorie d’âge, huit nouvelles infections sur 10 concernent les jeunes filles, et deux sur 10 chez les jeunes garçons.
« Dans notre région, nous avons fait d’énormes progrès surtout dans le traitement, car le taux d’adultes de 15 ans et plus recevant le traitement contre Vih/sida est 76%, 81% des personnes vivant avec le VIH/sida connaissent leur statut, et 70 % ont une charge virale supprimée, donc, ne peuvent plus transmettre le virus», a-t-elle commenté.
*Le Burundi et la RDC sortent du lot
La directrice régionale de l’ONUSIDA a révélé que la République démocratique du Congo et le Burundi figurent parmi les bons élèves, car ces deux pays sont sur le point d’atteindre les trois objectifs +95%-95%-95%+ de dépistage et de traitement parmi les populations adultes. Ces résultats satisfaisants, qui réjouissent les gouvernements de ces pays, doivent également les amener à intensifier d’efforts pour l’atteinte du troisième objectif de ces 95% relatif à la suppression de la charge virale. L’autre progrès réalisé dans la région est celui de la diminution du nombre de décès liés au VIH/sida, qui indique qu’entre 2010 et 2023, le nombre des décès liés au SIDA a diminué de 55%.
Cependant, quand bien même la région ai enregistré une diminution en décès liés à cette pandémie, la lutte contre le VIH pédiatrique reste un problème important, car seulement 35 % des enfants séropositifs recevaient un traitement en 2023. « La région abrite 20% des femmes enceintes vivant avec le VIH dans le monde, mais plus de la moitié d’entre elles ne reçoivent pas le traitement antirétroviral. Aussi, des efforts sont en cours dans plusieurs pays pour mettre en œuvre des réformes juridiques pour lutter contre la discrimination et la stigmatisation à l’égard des populations vivant clés », a-t-elle soutenu.
Elle déplore le fait que l’âge du consentement de dépistage au VIH pour les enfants est toujours limité dans la région, car cela exige encore le consentement des parents et/ou du tuteur pour le dépistage des jeunes de moins 18 ans. Cette entrave ralentie la riposte au VIH.
*La mobilisation des ressources domestiques demeure encore un problème
« Bien que globalement, les ressources allouées au VIH ont diminué dans notre région, on peut se féliciter d’une augmentation de 10% des ressources totales de lutte contre le VIH/sida en 2023, principalement dans l’augmentation des ressources internationales, parce que malheureusement les ressources domestiques ont diminué de 3% en 2023. Nous sommes bien loin des 15% que nos chefs d’Etats ont promis décaisser à Abuja, à savoir, donner 15% de leur budget à la santé y compris le VIH/sida », a relevé la directrice à l’endroit des Gouvernements.
Selon la directrice, l’ONUSIDA a proposé une nouvelle approche holistique pour garantir la viabilité de la riposte au VIH/sida. Cette approche couvre cinq domaines de durabilité, notamment, le leadership et l’engagement politique, les lois et les politiques habilitantes, le financement durable et équitable, les services et solutions VIH fondés sur la science, les efforts, impacts, et les systèmes construits pour fournir les résultats.
*Le compte est encore loin dans la lutte au niveau des enfants de 0 à 14 ans
« Nous avons progressé en termes de baisse de nouvelles infections, sauf chez les adolescentes. Nous avons progressé dans l’accès au traitement, mais nous sommes très loin encore pour les enfants de 0 à 14 ans. Le nombre de décès à VIH a diminué, les ressources internationales alloués au VIH ont augmenté mais les ressources allouées par les pays ont diminué. Ce qui fait aussi reculer la pérennisation des actions dans la riposte… », a résumé Berthilde Gahongayire.
« Ce rapport intitulé +Urgence du moment, le VIH à la croisée des chemins+, est une combinaison d’engagement politique fort, d’expertises techniques et de mobilisation communautaire, nécessaires pour poursuivre des progrès vers la prévention de la transmission verticale du VIH. Si nous intensifions la prévention, si nous travaillons à éliminer les inégalités entre les sexes, et si nous travaillons à faire reculer la stigmatisation et à la discrimination liées au VIH, alors nous serons sur le bon chemin pour mettre fin au VIH/sida d’ici à 2030 », a-t-elle conclu.
Le lancement du Rapport au niveau international a eu lieu lundi 22 juillet 2024 à Munich (Allemagne).
(AIP)
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