Abidjan, 11 juil 2024 (AIP)- Deux semaines après des manifestations antigouvernementales meurtrières, le président du Kenya, William Ruto, a annoncé jeudi 11 juillet 2024, avoir limogé la quasi-totalité des membres de son gouvernement, ne laissant à leur poste que le vice-président et le ministre des Affaires étrangères.
Après avoir écouté ce que le peuple du Kenya a dit et après une évaluation globale de la performance de son cabinet, ses réalisations et ses défis, il dit avoir décidé de limoger avec effet immédiat tous les membres du gouvernement. “Seuls le ministre des Affaires étrangères et le vice-président conservent leurs portefeuilles”, a annoncé le chef de l’État lors d’une conférence de presse à State House, le palais présidentiel.
Un remaniement ministériel était attendu depuis les manifestations d’ampleur nées après l’annonce de nouvelles ponctions fiscales en juin, qui a poussé des milliers de jeunes à protester dans la rue.
“Je vais immédiatement engager de vastes consultations à travers différents secteurs et formations politiques, dans le but de définir un gouvernement à base élargie qui m’aidera à accélérer et accélérer les mesures nécessaires et urgentes”, a poursuivi Ruto.
“Les événements récents qui ont nécessité le retrait du projet de loi de finances, et qui nécessiteront une révision et une réorganisation de notre budget nous ont amenés à un point de bascule”, a également affirmé William Ruto. Le nouveau gouvernement doit lui permettre de mener à bien des mesures radicales pour répondre au fardeau de la dette, augmenter les opportunités d’emploi et lutter contre la corruption.
“Il est surprenant que Ruto les ait tous écartés, y compris ses alliés clés Kindiki (ministre de l’Intérieur) et Chirchir (ministre de l’Énergie) qui sont avec lui depuis longtemps”, a commenté un membre du cabinet de conseil Exigent Risk Advisory, Declan Galvin, qui estime toutefois que “faire table rase lui sera bénéfique”.
Le président kényan avait retiré le 26 juin, un projet de budget controversé qui prévoyait des augmentations de taxes, au lendemain d’une journée de violences marquée par l’assaut du Parlement par les manifestants. La police avait alors tiré à balles réelles sur la foule. Selon l’agence kényane de protection des droits humains (KNHCR), 39 personnes sont mortes depuis la première manifestation le 18 juin.
Après le retrait du projet de budget, William Ruto a annoncé une hausse des emprunts d’1,2 milliard d’euros ainsi qu’une baisse des dépenses de l’ordre d’ 1,3 milliard d’euros.
Dans la foulée, l’agence de notation financière Moody’s a abaissé la note de la dette à long terme du Kenya, avec des perspectives négatives. La dette publique du Kenya, locomotive économique d’Afrique de l’Est, s’élève à environ 71 milliards d’euros, soit environ 70% du PIB.
(AIP)
tls/cmas