Abidjan, 13 déc (AIP) – La région de la Nawa se distingue comme l’une des principales zones de la production cacaoyère en Côte d’Ivoire. Elle revêt une importance particulière en tant que destination prioritaire pour les migrations sud-sud, en dépit de la problématique du travail des enfants dans la zone.
Dans le cadre du programme « Ensemble pour agir sur les causes profondes du travail des enfants dans la Nawa » (ENACTE), l’OIT a effectué une visite de terrain du 10 au 13 octobre 2023 dans les localités de Liliyo et Bagoléoua en vue de s’assurer de l’effectivité de l’accès aux soins de santé à la CMU par les producteurs de la Société coopérative des producteurs de Betesso (SCOOPAB ) ont pris à ces échanges.
Le programme ENACTE , un programme pour soutenir la lutte contre le travail des enfants
ENACTE est un programme de lutte contre le travail des enfants soutenu par l’Union européenne et la coopération Suisse. Le programme comprend quatre principes d’intervention à savoir, s’attaquer aux causes profondes et avoir des mesures préventives, renforcer les systèmes publics au niveau régional et faciliter des partenariats avec le secteur privé et l’ensemble des partenaires techniques et financiers qui interviennent dans la région.
En partenariat avec le Comité national de surveillance des actions de lutte contre la traite, l’exploitation et le travail des enfants (CNS) et le Comité interministériel de lutte contre la traite, l’exploitation et le travail des enfants (CIM), le programme ENACTE vise à soutenir les actions pour la protection et le développement des enfants, adolescent-e-s et jeunes vulnérables face au risque de travail des enfants, au risque migratoire et sécuritaire dans la région de la Nawa.
L’objectif général de ce programme est de « promouvoir les droits de tous les enfants et adolescents dans la Nawa à travers l’accès à l’éducation et aux services sociaux de base, en les protégeant contre la violence et l’exploitation et en offrant aux jeunes en âge de travailler ainsi qu’à leurs parents, des opportunités de travail décent ».
Des partenaires engagés pour contribuer à la lutte contre le travail des enfants
L’Union européenne et la Suisse s’associent aux Nations Unies à travers l’UNICEF, l’OIT et l’OIM pour soutenir les efforts de la Côte d’Ivoire dans la lutte contre le travail des enfants.
Conformément à son mandat de promotion du travail décent, l’OIT déploie dans le cadre de ENACTE, des activités pour promouvoir l’accès à la protection sociale des agriculteurs et leurs ménages. Deux mécanismes de protection sociale seront mis de l’avant notamment la CMU et la RSTI pour lutter contre le travail des enfants dans la cacaoculture.
Les activités de promotion de la CMU et du RSTI constituent en outre une contribution à la mise en en œuvre des cadres politiques et stratégiques adoptés par le Gouvernement de Côte d’Ivoire avec le Plan d’action national de lutte contre la traite l’exploitation et le travail des enfants (PAN 2019-2023) et la stratégie nationale pour une cacaoculture durable.
Les familles des enfants travailleurs ou à risque de travail bénéficient d’une gamme de services de protection sociale et de compétences appropriées afin de favoriser leur résilience socio-économique et professionnelle.
Dans le cadre de la stratégie du cacao durable, les producteurs de cacao accèdent aux prestations de la Couverture maladie universelle (CMU) et bénéficient des prestations du Régime social des travailleurs indépendants (RESTI).
Une sensibilisation des acteurs du secteur du cacao à la CMU pour lutter contre le travail des enfants
La visite de terrain a permis de sensibiliser les acteurs communautaires (agriculteurs, coopératives, animateurs des centres de santé intégré au réseau de soins…), de faire une démonstration de l’accès aux soins de santé avec la carte CMU, dans un centre de santé proche des agriculteurs, de discuter avec les parties prenantes au niveau communautaire notamment les agriculteurs, coopératives, centres de santé afin d’identifier les défis et faciliter l’appropriation des plans d’action de promotion de la CMU et du RSTI.
Selon le CNS, l’une des actions majeures menées par le gouvernement et ses partenaires a consisté au renforcement des capacités des acteurs intervenant dans la lutte contre les pires formes de travail des enfants.
Il s’agit notamment de la formation des acteurs tant au niveau central qu’au niveau déconcentré, l’appui en moyens techniques, logistiques et financiers, l’appui à des communautés rurales pour améliorer leurs conditions de vie.
Des sensibilisations sur les travaux légers autorisés et les travaux dangereux interdits dans la cacaoculture ont été effectuées par le CNS.
Le gouvernement et ses partenaires ont également intensifié leurs actions en matière de sensibilisation des communautés sur les dangers de la traite et des pires formes de travail des enfants pour une meilleure connaissance et une prise de conscience accrue du phénomène.
Cette action repose sur l’hypothèse que les communautés constituent le meilleur rempart pour la protection des enfants contre la traite et les pires formes de travail. Ainsi, une meilleure connaissance des dangers et des conséquences sur la vie des enfants contribue au renforcement des mécanismes communautaires de protection des enfants et par conséquent à l’éradication du phénomène.
Le gouvernement a ainsi mis en place plusieurs programmes d’actions utilisant la sensibilisation communautaire comme moyen de prévention de la traite et des pires formes de travail des enfants. Plusieurs comités locaux ont été mis en place dans de nombreuses localités. Ces comités mènent des actions de sensibilisation de proximité sur la traite et le travail dangereux des enfants ainsi que sur leur protection, afin d’obtenir l’engagement desdites communautés dans la lutte contre le phénomène.
A cet effet, la liste des travaux dangereux interdits aux enfants de moins de 18 ans ainsi que la liste des travaux légers autorisés aux enfants de 13 à 16 ans a été déterminée par l’arrêté N 2017 – 017 du 2 juin 2017. Tout contrevenant aux dispositions contenues dans cet arrêté s’expose à des poursuites judiciaires pouvant aller jusqu’à des peines d’emprisonnement.
L’Education un enjeu majeur pour lutter contre le travail des enfants dans la cacaoculture
L’éducation des enfants est un enjeu essentiel dans la lutte contre le travail des enfants dans la cacaoculture en Côte d’Ivoire. Selon le rapport de l’ICI, l’importance de l’éducation dans les communautés productrices de cacao constitue un droit fondamental de l’enfant. Elle est aussi un moyen de protéger les enfants contre les dommages causés à leur développement par le travail des enfants, ainsi que par d’autres formes d’abus et de négligence. Ce rapport souligne que” l’éducation joue un rôle crucial en préservant les enfants des influences néfastes d’autres facteurs sur leur bien-être.
La protection sociale pour aller au bout du travail des enfants
Le représentant du directeur du bureau pays de l’OIT, Dramane Batchabi, spécialiste de la protection sociale a souligné, que l’importance de la protection sociale pour venir à bout du travail des enfants est primordiale ajoutant qu’un système de protection sociale efficace est un puissant moyen et une meilleure réponse à la lutte contre le travail des enfants.
Comme recommandation, M. Batchabi préconisé l’’adaptation des outils et procédures des mécanismes de protection sociale aux caractéristiques des communautés à risque de travail des enfants , le renforcement de l’adéquation et la prévisibilité des prestations sociales , la disponibilité et la qualité des services de santé pour une efficacité du programme de CMU , la mise en œuvre des programmes de protection sociale et l’accroissement de l’espace budgétaire consacré à la protection sociale en Côte d’Ivoire.
Le ministre de l’Emploi et de la Protection sociale et président du Comité interministériel de lutte contre la traite, l’exploitation et le travail des enfants (CIM) a salué les mécanismes de protection sociale mis en place par l’Etat ivoirien en vue de lutter contre la pauvreté, l’une des causes majeures du Travail des Enfants.
Cadre législatif et réglementaire
Le cadre législatif et réglementaire en matière de lutte contre la traite, l’exploitation et le travail des enfants a été enrichi par plusieurs textes au nombre desquels, on trouve la ratification des conventions portant sur la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant (CADBE), le 3 février 2003 et la convention n°138 de l’OIT relative à l’âge minimum d’admission à l’emploi.
(AIP)
apk/haa
(Dossier réalisé par Philomène Kouamé)